Un poète de l'objet et de la matière s'est posé à Saint-Denis quelques soirs, avant de repartir sur les routes. Michel Laubu et son Turak Théâtre présentaient au Théâtre Gérard-Philipe - dont Christophe Rauck, qui le dirige depuis 2008, a fait un lieu on ne peut plus chaleureux - leur nouvelle création, Les Fenêtres éclairées. Elle tourne, un peu partout en France, jusqu'à fin septembre, après s'être déjà pas mal baladée.
Michel Laubu est un glaneur comme les aime Agnès Varda, un inventeur-bricoleur qui, depuis plus de vingt ans, crée un théâtre d'objets unique, à la fois surréaliste et quotidien,
tods7fPvtods tods discount shoes-tods bond street-, à partir de choses ou de matériaux récupérés ici ou là. Petit, il désossait les lampes de poche et les ustensiles les plus divers pour les remonter à sa guise, et se "greffait" des couvercles de boîtes à chaussures sur les avant-bras, dans l'espoir de devenir un homme-oiseau.
Ses spectacles - notamment le merveilleux Depuis hier, que l'on a pu voir au Festival d'Avignon, en 2006 - ne s'écrivent pas à partir d'une histoire préalable. Ce sont les objets collectés selon des critères définis (couleur, matière, origine, etc.) ou de manière plus intuitive et aléatoire, puis transformés, détournés, assemblés, qui vont peu à peu créer un monde avec ses lois propres et susciter l'histoire racontée. Celle que l'on découvre derrière les trois hautes fenêtres, qui,
todshoes4uN1chaussures tod sUne douzaine de mourir, une à une, s'éclairent sur le bord de la scène, met en scène un homme seul dans son appartement, menacé par la montée des eaux, et ses stratégies de survie. Cet homme, cet "habitant",
tods online shop, comme Michel Laubu appelle tous ses personnages, a les contours d'une grande marionnette au visage fendu d'un large sourire un peu mélancolique, et à la grande collerette de Pierrot lunaire. L'habitant est habité par Michel Laubu lui-même, qui se coule dedans comme il le ferait dans un vêtement. La première fascination tient, ici, à la relation entre le pantin et son manipulateur.
La mer monte, il s'agit de sauver les meubles. L'expression est d'abord à prendre au pied de la lettre. Le héros de cette épopée de la survie invente table-radeau, chaise à palmes, bateau-baignoire et surtout une extraordinaire île flottante faite d'un amas de chaises encordées, qui les sauvera, lui et les créatures qu'il abrite. Car, contrairement aux premières apparences, notre héros n'est pas seul. L'appartement est aussi peuplé d'êtres à l'étrangeté plus ou moins familière ou inquiétante, dont on ne sait jamais vraiment s'ils sortent de l'imagination du personnage principal. D'abord, il y a un chat fantasque,
chaussures tod s, à mi-chemin entre celui d'Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll, et celui du Maître et Marguerite, de Mikhaïl Boulgakov. Ange ou démon, on ne sait trop, mais il partage l'espace avec des créatures plus mystérieuses encore, qui naissent à vue sur le plateau à partir de robinets, de seaux ou d'entonnoirs, ou sont projetées sur le drap blanc tendu en haut du plateau comme sur l'écran des songes : ainsi de ces mères de famille à tête de robinets, poussant un landau - de quoi sera-t-il arrosé, le bébé qui est à l'intérieur ? - ou de ces poupées Barbie à tête d'animaux. Il y a aussi un concert de mouches dont on ne dira pas plus, sinon qu'il est irrésistible de folie surréaliste.
Même si le spectacle est par moments un peu ténu sur le plan dramaturgique,
tods bags2oTstodshoesefheo812.elueeikr1107 Blog A, il est porté par la grâce et l'inventivité de Michel Laubu, mais aussi de Rodolphe Burger avec qui le créateur de Turak a travaillé en osmose totale : l'ex-leader du groupe Kat Onoma signe une musique hypnotique, jouée (à la guitare électrique et aux cuivres) en direct sur le plateau par Frédéric Roudet et Laurent Vichard, et qui donne son rythme propre à cet univers qui prend le parti pris des choses.
Avec eux, Michel Laubu, poète de temps de crise et de peur de la catastrophe, en dit beaucoup sur notre monde gavé d'objets frénétiquement consommés et mis au rebut dont il fouille l'âme et la mémoire comme un archéologue. Un monde que le bricoleur-manipulateur réenchante, sans naïveté, par la richesse de sens et d'invention possibles qu'il met en oeuvre dans son théâtre.
Les Fenêtres éclairées,
par Michel Laubu et le Turak Théâtre. Musique : Rodolphe Burger. Du 6 au 8 avril au Havre, le 12 avril à Auray, les 15 et 16 avril à Vannes, les 19 et 20 avril à Quimper,
chaussures tods hommes, le 3 mai à Cavaillon, et du 16 au 25 septembre au Festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières.
Fabienne Darge Article paru dans l'édition du 03.04.11