10/09/2010 à 13h44 - mis à jour le 10/09/2010 à 15h19 | - vues | - réactions
Près de chez moi
On a testé les caméras de surveillance de Levallois-Perret
Combien de temps a mis Big Brother pour retrouver 2 journalistes de StreetPress qui perturbaient la voix publique ?
A Levallois-Perret 50 caméras scrutent en permanence la voie publique. Retrouveront-elles Samba et Géraldine déguisés en Pom-Pom girl ? « Ah ouais, ça devrait se voir ça ! » s'esclaffe un policier. Top chrono !
Jeudi 26 août 17h32. Lunettes Ray-Ban très 60's, costard sombre distingué et teint légèrement hâlé, Bertrand Mayer adjoint au maire de Levallois-Perret - nous accueille au commissariat de police municipale à l'angle des rues Anatole France et Kléber. 10 jours plus tôt, le ministre de l'Industrie Christian Estrosi s'était fendu d'une sortie remarquée dans la presse où il remettait en question les maires qui n'avaient pas doté leur ville d'un système de vidéo-surveillance. A Levallois champion du genre StreetPress a voulu savoir qui se cachait derrière Big Bother ... Et combien de temps il mettrait pour appréhender Samba et Géraldine en train de perturber la voix publique avec des poms-poms de cheerleader.
Des prouesses hi-tech dignes de 24h Chrono
« Au PC » - le petit nom du très officiel « Centre de Surveillance Urbain » M. Carpentier et Gérard (les noms des deux policiers municipaux ont été modifiés à leur demande) ont remplacé Jack Bauer et Tony Almeida . La salle vidéo du commissariat de Levallois-Perret a un petit coté CAT , les mètres carrés en moins. Mais coté high-tech, pas grand chose à lui envier: le mur d'écran affiche 12 vidéos en simultané, les policiers orientent à distance des caméras à 360 degrés et zooment en un clic pour repérer une crotte de chien étalée sur un trottoir.
« Montrez-lui le 'floutage' M. Carpentier » ordonne fièrement l'adjoint de M. Balkany, Bertrand Mayer. « Regardez ! Voyez comment l'image se floute dès que vous tentez de regarder au travers d'une fenêtre. » L'effet est saisissant: Après avoir zoomé sur plus de 300 mètres, l'image sur l'écran de contrôle se crypte façon Canal +, au moment où l'on croit reconnaître le visage d'une jolie blonde installée dans son salon. On est rassuré: « Big Brother » Mayer ne peut pas nous voir tout nu sous la douche grâce à « ce système qui protège la vie privée ».
2 agents pour 50 caméras
M. Mayer est l'adjoint au maire Patrick Balkany mais aussi « le délégué à la Sécurité publique, à la Sécurité civile et aux questions de Défense » (sic). Un titre a rallonge révélateur de la fierté qu'accorde la mairie à son système de vidéo-surveillance. « C'est vrai que d'autres mairies viennent nous demander conseil » répond-il, visiblement ravi qu'on lui pose la question.
Dans Levallois-Perret, 50 caméras filment en permanence balayant plus de 90% de la ville. Deux policiers municipaux parmi les 80 agents de la ville - sont affectés aléatoirement « au PC » qui centralise les images. Ils scrutent le mur d'écran pendant des permanences de 9h en alternant: l'un s'occupe du standard tandis que l'autre observe la ville. « Comme ça, moi j'appelle les collègues dès qu'on remarque quelque chose », explique l'agent Carpentier, tout en caressant sa moustache.
Partie de cache-cache avec Big Brother
18h11: Les policiers relèvent le défi quand on leur propose de chronométrer le temps qu'ils mettront à retrouver deux journalistes de StreetPress. Samba et Géraldine, aisément identifiables par les poms-poms jaunes de cheerleader qu'ils agitent, sont placés sur une avenue fréquentée de Levallois. « Allez on y va », s'enthousiasme Bertrand Mayer, sous le regard sceptique de son attachée de presse: « Vous êtes sûr que nous avons les autorisations ?».
Les policiers Gérard et Carpentier jouent le jeu à fond. Les caméras pivotent, zooment, alternent pendant que les souris glissent sur les tapis. M. Mayer est à l'affût, les yeux rivés sur le mur d'écrans. « Comment sont vos amis ? », demande t-il. « C'est un jeune homme noir et une jolie blonde, avec des ustensiles de pom-pom girl » je réponds. M. Carpentier se marre: « Ah ouais, ça devrait se voir ça ! ».
18h17: « Faut nous dire dans quelle zone ils se trouvent aussi ! » demande un des deux agents. Après 6 minutes, la partie de cache-cache commence à sentir la loose pour la police. La tension est palpable. Pour les aider, Samba et Géraldine nous apprennent par téléphone qu'ils sont à proximité d'un métro. « Ça ne peut être que 'métro de Pont de Levallois' ! », s'impatiente un des policiers. Mais autour du métro Pont de Levallois toujours rien. « Ils sont peut-être masqués par des feuillages », tente M. Mayer. « Et puis il y a trois caméras qui ne fonctionnent pas »,
Ray-Ban RB4150, ajoute Gérard, qui contredit involontairement l'adjoint au maire. Celui-ci affirmait quelques minutes plus tôt qu'aucune caméra ne servait de leurre ... Silence pesant.
13 minutes: le temps qu'il a fallu pour retrouver Samba et Géraldine
18h23: Samba et Géraldine ont enfin été alpagués après que nous ayons informés les policiers qu'ils se trouvaient au métro Anatole France. « On va leur envoyer une équipe pour trouble à l'ordre public ! », vanne M. Mayer. M. Carpentier répond du tac-o-tac: « Pour la fille surtout ! Elle fait du racolage ! » L'atmosphère se détend: « Allez on envoie un scooter! », s'exclame Gérard, plutôt amusé par notre petit manège.
Les policiers jouent à la caméra-cachée en dépêchant un collègue non averti du stratagème sur les lieux du faux incident. Sauf que celui entre en trombe dans le PC: il ne trouve pas les clefs pour démarrer son scooter. La blague tombe à l'eau. Le jeune policier va quand même interpeller Samba et Géraldine: « Des gens se sont plaints que vous faisiez peur aux automobilistes » leur reproche t-il. « Quels gens ? » se défendent les deux journalistes.